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America del Sur 2009
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15 juin 2009

Illampu, dernier defi de glace dans les Andes

Hola,

En complement du message de Benj, je souhaite vous faire partager les impressions de Sebastien qui nous a accompagnes a l'Illampu apres le Condoriri et le Huayna Potosi :

"

Salut,

Retour serein apres un beau succes collectif avec Fred, Benj et Stef sur les pentes de l'Illampu, la prestigieuse terminaison occidentale (6350m) de la cordillere royale.

Pas moins de 6 jours. Un long transfert depuis La Paz nous mene jusqu'a la paisible Sorata a pres de 2700m au pied de la montagne. La geante nous toise alors que nous buvons de la cervoise locale sur la place principale de la bourgade. Dire qu'on va monter la-haut !

Le lendemain, apres 3 heures de 4x4 sur des chemins aussi tortueux que somptueux, nous nous lancons sur le sentier qui nous conduit au camp de base. C'est ma premiere expedition d'envergure : 2 guides de haute montagne, un cuisinier, 7chevaux a l'aller, 4 porteurs jusqu'au camp d'altitude. Autant dire que nous sommes on ne peut mieux accompagnes pour parvenir a notre but (le porte monnaie fait la tronche, lui...).

Marche agreable et frites en pleine montagne sous un vol de condor, puis vers 4600m, sur une agreable tourbiere, nous atteignons le camp. Outre nos tentes pour dormir, nous pouvons nous restaurer sous abri et demarrer la longue nuit par un tournoi de des. Les eclats de voix commentant la fortune des uns et des autres viennent alors troubler la quietude des lieux.

Apres une nuit fraiche, direction le camp haut et les horizons blancs. Mais quelle surprise car les glaciers de la cordillere royale ont regresse et continuent a diminuer enormement. Pas besoin d'etre expert pour s'en apercevoir, les roches claires recemment decouvertes et que les UVs n'ont pas encore bruni ne laissent aucun doute. Edouardo, guide qui vient ici depuis pres de trente ans nous confirme d'ailleurs l'ampleur du recul.

L'ambiance est neanmoins au rendez vous au camp d'altitude a 5350m ou nous campons sur la neige a deux pas des seracs. Et on apercoit deja bien la selva sous son immuable voile laiteux.

La nuit est courte. Les etats intestinaux mediocres... Mais nous sommes prets a affronter les 1000m de denivele qui nous separent du sommet. Nos deux cordees parviennent rapidement au pied du mur de neige de 300m sous un clair de lune eclatant. L'ambiance est extraordinaire alors que nous gravissons aisement les pentes de 70 degres avec une neige dure d'une qualite inconnue en Europe.

6000m sur l'arrete et je sens alors que la forme n'est plus la meme. Si je suis bon marcheur sur l'altiplano apres ces innombrables kms parcourus avec mon fidele sac, ici, c est une autre dimension. On souffle et on avance doucement. Surtout la vigilance s'impose. Le vide est beant. Attention a bien cramponner car une glissage serait probablement fatale a la cordee. Le soleil illumine le sommet mais il nous faudra attendre d'en fouler la corniche pour en profiter.

Le spectacle est a couper le souffle. Vers le Nord, toujours la Selva. Dire qu'a l'horizon, elle est au niveau de la mer ! L'enorme Ancohuma nous salue au sud est et au loin la lumiere d'El Alto, la gigantesque banlieue de la Paz. L'immense Titicaca remplit le panorama au sud et j'apercois l'Isla del Sol ou je m 'etais jure de gravir cette montagne si belle que le soleil celebre chaque matin.

Etre arrive la est comme un aboutissement. Je revais de terminer ce voyage par une telle ascension. Et maintenant, apres etre alle tutoyer les cieux comme jamais, je peux redescendre sur le plancher des vaches.

"

Une belle ascencion que l'Illampu. Sur ce debut d'arete bien gele ou un faux pas pourrait etre tragique, on ne triche plus. Malgre le froid, la fatigue voire la peur et surtout le manque d'oxygene a cette altitude, chacun trouve en lui-meme ou dans le groupe la force d'avancer. Renoncer serait non seulement un echec personel mais signifierait egalement d'obliger son compagnon de cordee a faire demi-tour.

La-haut au-dessus des nuages et toujours plus pres des etoiles, paradoxalement, alors qu'il s'eleve pour s'evader de la folie humaine, l'alpiniste, andiniste ou himalayiste renouvelle a chaque pas l'eternel combat de l'Homme pour la vie.

Pour des raisons qui sont propres a chacun (deboires gastriques ou bronchiques, manque d'aisance, manque d'habitude a cette altitude, manque de forme physique), l'ascencion n'a pas ete aussi simple qu'espere. C'est une bonne chose. La-haut dans ce monde de roc, de neige et de glace si different, si hostile mais si enchanteur on ne triche plus, a chacun de puiser en soi la ressource necessaire pour se depasser. C'est ce qui justifie toutes les difficultes. La-haut, comme le dit Andres Pena a propos des glaces continentales, on se sent peut-etre insignifiant mais intensement vivant...

Fredo

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